samedi 24 juin 2006

La conscience fragmentée


La pensée est une réaction de nos mémoires qui mobilise en définitive la conscience vers un objectif à atteindre (la récompense) et par voie de conséquence un obstacle à éviter (la punition) dans le cadre d'un temps psychologique fragmenté. Dans ce cadre, le champ de la conscience ne peut traiter qu’une information à la fois, contrairement à l’inconscient cognitif.

Sous l'égide d'une mécanique de l'esprit inhérente à la primauté de la mémoire, ma conscience est donc morcelée. J'ai une représentation unitaire des objets qui parviennent à ma conscience accentuée par la mémoire. Parce que chaque chose m’inspire une réaction, une préparation à l’action différente. De la même façon, « l’autre » me voit tel un individu séparé, un "objet" isolé, parce qu’il s’est identifié à une image de moi que sa mémoire a construite, tout comme je me suis identifié à une autre image et pense le voir tel qu’il est. Notre relation s'établit donc sur la base de deux images qui sont isolées. Le seul dénominateur commun étant le référent interne qui construit l'image intérieure et affecte la conscience. Ce n'est donc pas l'image qui est fondamentale, mais le référent, le mécanisme de production des images et plus encore sa nécessité. Or, ce processus a séparé, isolé les objets de ma conscience. Mais derrière la représentation existe une réalité unifiée, derrière les projections de la mémoire, issues de l’apprentissage, de la culture, de la tradition... le mouvement de la vie est unitaire.

Les pensées, en mobilisant la conscience, s'inscrivent déjà dans un mode de fonctionnement séquentiel. La raison fonctionne souvent ainsi, elle possède la capacité de résoudre les problèmes qui se présentent à elle comme autant de micro-univers disjoints. La pensée analytique cherche des solutions dans ce temps fragmenté par la conscience, elle envisage plus naturellement de séparer chaque problème, même si la réalité, quant à elle, n’est pas divisée, mais en interaction constante. Tout ce qui me parait contradictoire, fragmentaire, participe en réalité du même mouvement. La pensée consciente, réaction de la mémoire, est un mouvement de représentation qui découle d'une même énergie. Ainsi l'image de mon plaisir, qui peut changer l'instant qui suit, sera toujours liée à une peur équivalente d'en être privé, une punition. Là où nous voyons des opposés, le bien et le mal, moi et l'autre, le plaisir et l'ennui, en réalité se cache une relation profonde, une équivalence qui relie les divisions entre elles. Car l'observateur et son action ne font qu'un. Seulement, la fragmentation de la conscience nous empêche de voir cette évidence. Aussi faut-il regarder sous un nouveau jour la question de l’observateur et des relations qu’il établit dans tous ces domaines de l'existence que nous pensions séparés.



Aucun commentaire: