vendredi 23 juin 2006

Le modèle intérieur

La pensée ne peut expliquer le moi, la perception ou l'inconscient, car elle en est le produit et non la cause. Cette énergie du moi qui échappe à la compréhension de la pensée est fluctuante, elle s'identifie à tout ou partie d'une culture selon le degré de gratification qu'elle y trouve. La pensée réagit à un modèle intérieur - le "moi". Fondé sur la mémoire des sensations, si ce modèle intéreur ne trouve plus de gratification dans sa propre culture, il s'identifie alors à une contre-culture comme, par exemple, le mouvement des hippies l'a fait à la fin des années 1960. Modèle et contre-modèle ont cependant en commun le même référent. Nous observons que la plupart de ces contre-cultures, radicales à l'origine, finissent par s'intégrer dans un modèle dominant comme l'une de ses composantes. Cependant modèle et contre-modèle sont parfois trop rigides pour cohabiter au début, l'un l'emporte toujours sur l'autre, puis le remplacement des générations fait son oeuvre d'intégration. Preuve s'il en est que leur fondation est commune, elle s'appuie sur la recherche du plaisir.

Voilà pourquoi rejeter un modèle, comme la société de consommation, sans comprendre le processus qui nous y enchaîne est une analyse incomplète. Ce mécanisme est bien entendu psychique, il est fondé sur le plaisir et son anticipation par la pensée. Les dernières découvertes en neurologie ont montré que notre pensée s'appuie sur une expérience émotionnelle intime issue de la mémoire et pas uniquement sur le savoir. Cette implication émotionnelle est produite par l'activité des régions subcorticales du cerveau, notamment le système limbique. Lorsqu'elles sont sollicitées, notre action est centrée sur les deux voies de communication possibles entre l'émotion et la pensée, à savoir la crainte de la punition ou la recherche d'une récompense (le double circuit agmydalien du mammifère). Face à une situation nouvelle, l'esprit est d'abord tourné vers une énergie inhibante ou gratifiante, supprimer un mal-être ou acquérir un résultat. C'est à ce centre que la pensée réagit. Même lorsqu'elle souhaite se détacher du "moi", la pensée reste focalisés sur des concepts gratifiants. Ainsi la mémoire du mal appelle le concept du bien, la mémoire d'une blessure psychologique appelle l'idée de paix, de non-violence, la mémoire d'un stress appelle l'idée de détente, la peur de la mort appelle l'idée d'éternité, etc. Ce modèle de connaissance définit les limites du monde connu par la pensée. Vouloir s'y opposer revient à entretenir le "moi" d'une autre façon.

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